Journal de bord

[PORTRAIT] Caroline, infirmière à bord de l’Ocean Viking

« Il est insupportable que des gens meurent en essayant seulement de rejoindre l’Europe. » 

Diplômée en 2013 d’une formation en soins infirmiers, Caroline rejoint l’équipe de soins à bord de l’Ocean Viking en mars 2021. Portrait d’une femme de terrain.

 

Caroline a d’abord œuvré sur le terrain au Burkina Faso, en République démocratique du Congo (RDC) et en Géorgie pour des organisations humanitaires telles que Médecins Sans Frontières et Médecins du Monde. Elle a notamment travaillé sur des sujets comme les soins aux toxicomanes atteint.e.s de l’hépatite C, le traitement du paludisme, la lutte contre la malnutrition ou la vaccination des enfants de moins de 5 ans.

Pendant plus d’un an, Caroline a travaillé sur l’île de la Réunion, dans une unité spéciale réservée aux personnes n’ayant pas accès à une couverture médicale. À cette époque, elle a également commencé à faire du bénévolat pour La Cimade, une organisation active de solidarité et de soutien politique qui agit auprès des migrant.e.s, réfugié.e.s et demandeurs.euses d’asile.

Lors du premier confinement, Caroline a rejoint le service de soins intensifs dans un hôpital de la Réunion. Après cette expérience intense, elle a décidé de rentrer en France métropolitaine et de faire une pause, en voyageant à bord de son van Volkswagen.

Elle s’est ensuite réengagée auprès de MSF à Marseille, pour faciliter l’accès aux soins relatifs à la Covid-19 auprès de patient.e.s n’ayant pas de protection maladie, y compris pour les demandeurs.euses d’asile débouté.e.s. Pendant cette période, elle a également commencé à faire du bénévolat à Briançon, du côté français de la frontière franco-italienne, en offrant un abri à celles et à ceux qui tentent de traverser la frontière à pied. C’est ici qu’elle rencontre pour la première fois des personnes qui ont rejoint l’Europe par la mer Méditerranée, et décide alors d’intégrer l’équipe de SOS MEDITERRANEE.

« Une fois sur l’Ocean Viking, les personnes rescapées se sentent à nouveau vivantes et sont plutôt heureuses d’échanger avec nous. »

Parfaitement consciente de la situation dramatique qui a lieu en Méditerranée centrale, Caroline a rejoint la onzième mission de l’Ocean Viking en mars 2021, marquant ainsi sa première expérience en mer. « Cette rotation m’a permis de rencontrer des personnes de l’équipe avec lesquelles je resterai en contact toute ma vie. Vous avez quelque chose en commun avec ces gens, vous avez l’impression de faire partie d’un même groupe. C’est agréable. ils et elles sont beaucoup plus expérimenté.e.s en terme de navigation et de sauvetage, c’est très inspirant pour moi. »

Elle décrit une mission profondément émouvante au cours de laquelle 116 femmes, hommes et enfants ont été sauvé.e.s : « J’ai créé des liens avec des survivant.e.s à bord, alors persuadé.e.s qu’ils et elles allaient mourir. Une fois sur l’Ocean Viking, ces personnes rescapées se sentent à nouveau vivantes et sont plutôt heureuses d’échanger avec nous. C’est la première fois que je fais cette expérience. Ce sont des gens d’un immense courage, nous nous sentons humbles et honoré.e.s de les rencontrer et qu’ils nous fassent confiance pour raconter leur histoire.  

Il est insupportable que des gens meurent en essayant seulement de rejoindre l’Europe. C’est impressionnant ce qu’ils ont traversé. »

 

Caroline était à bord de l’Ocean Viking, en avril 2021, pour sa seconde rotation.

Crédits photo : Flavio Gasperini / SOS MEDITERRANEE